Hölderlin et Sophocle
Jean Beaufret
Qui donc est Hôlderlin dont Heidegger nous dit à la fin du premier texte des Holzwege que « faire face à son œuvre, c'est la tâche dont les Allemands ont encore à s'acquitter » ?
Et en quoi sa pensée est-elle si profondément, pour l'auteur de Sein und Zeit, pensée de l'histoire, comme illumination d'un présent? En quoi enfin cette pensée culmine-t-elle poétiquement dans les traductions d'Œdipe et d'Antigone et dans les Remarques qui les suivent, c'est-à-dire dans ce dialogue poétique avec Sophocle auquel il se risque avant de disparaître aux yeux des hommes ?
Le dialogue avec Sophocle met en cause l'essence même de la Tragédie entendue ici comme un des sommets les plus inaccessibles de l'art grec - celui pourtant dont il faut dire qu'il est vital pour l'art moderne de tenter d'accéder jusqu'à lui. Un projet longuement porté et maintes fois remis en chantier par Holderlin a été en effet d'écrire une « vraie tragédie moderne ». Il s'agit de cet Empédocle dont nous avons au moins trois versions. Mais qu'est-ce que l'art tragique, et d'abord, qu'est-ce que l'art ?
Art est pensé par Aristote en corrélation avec nature. Aristote écrit : l'art imite la nature. D'un côté, l'art mène à son
terme ce que la nature a été incapable d'avoir œuvré, de l'autre, il imite. » Comment comprendre ? Est-ce qu'il fait tantôt ceci, tantôt cela ? Ou est-ce que son essence est de ne faire ceci qu'en faisant aussi cela ? L'art prendrait
ainsi des distances par rapport à la nature, n'étant pourtant pleinement art que dans la mesure où il retrouverait avec la nature, c'est-à-dire avec le natif », une affinité plus essentielle? C'est bien ainsi que Hôlderlin entendait
ou aurait entendu Aristote.
Et en quoi sa pensée est-elle si profondément, pour l'auteur de Sein und Zeit, pensée de l'histoire, comme illumination d'un présent? En quoi enfin cette pensée culmine-t-elle poétiquement dans les traductions d'Œdipe et d'Antigone et dans les Remarques qui les suivent, c'est-à-dire dans ce dialogue poétique avec Sophocle auquel il se risque avant de disparaître aux yeux des hommes ?
Le dialogue avec Sophocle met en cause l'essence même de la Tragédie entendue ici comme un des sommets les plus inaccessibles de l'art grec - celui pourtant dont il faut dire qu'il est vital pour l'art moderne de tenter d'accéder jusqu'à lui. Un projet longuement porté et maintes fois remis en chantier par Holderlin a été en effet d'écrire une « vraie tragédie moderne ». Il s'agit de cet Empédocle dont nous avons au moins trois versions. Mais qu'est-ce que l'art tragique, et d'abord, qu'est-ce que l'art ?
Art est pensé par Aristote en corrélation avec nature. Aristote écrit : l'art imite la nature. D'un côté, l'art mène à son
terme ce que la nature a été incapable d'avoir œuvré, de l'autre, il imite. » Comment comprendre ? Est-ce qu'il fait tantôt ceci, tantôt cela ? Ou est-ce que son essence est de ne faire ceci qu'en faisant aussi cela ? L'art prendrait
ainsi des distances par rapport à la nature, n'étant pourtant pleinement art que dans la mesure où il retrouverait avec la nature, c'est-à-dire avec le natif », une affinité plus essentielle? C'est bien ainsi que Hôlderlin entendait
ou aurait entendu Aristote.
Year:
1983
Edition:
1
Publisher:
G. Monfort
Language:
french
Pages:
55
ISBN 10:
2852261669
ISBN 13:
9782852261662
File:
PDF, 1.85 MB
IPFS:
,
french, 1983